JE SUIS CHARLIE

Publié le 7 Janvier 2015

Avant d'être animateur d'ateliers d'écriture, je suis journaliste.

J'ai mesuré, dans l'exercice de mon métier, combien il est facile d'être l'objet de pressions dès lors que l'on exerce sa liberté d'expression.

Aujourd'hui, avec l'attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo, c'est la liberté qu'on a voulu faire taire, c'est la liberté qui est touchée, qui est menacée.

Quels que soient mes accords et mes désaccords avec les expressions de la rédaction de Charlie Hebdo, j'ai toujours apprécié que cette publication stimule mon intelligence par sa liberté.

Aujourd'hui, je suis Charlie et je supplie toutes les personnes de bonne volonté de défendre elles aussi la liberté.

En cette fin de journée, j'ai prolongé ma réflexion par le texte suivant :

Liberté, Égalité, Fraternité

Aujourd'hui, 7 janvier 2015, à 11h30, Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, dessinateurs, ainsi que Moustapha Ourrad, correcteur, et Bernard Maris, économiste et éditorialiste, ont été assassinés lors de leur conférence de rédaction, au siège du magazine Charlie Hebdo, en compagnie de Michel Renaud, chroniqueur, qui leur rendait visite. Une personne à l'accueil de l'hebdomadaire, un agent du service de protection des personnalités, attaché à Charb, et un gardien de la paix, dans la rue, ont également été tués. Les barbares sont trois hommes, deux frères franco-algériens vivant aux Buttes-Chaumont et un lycéen inscrit en terminale à Charleville-Mézières, selon les premiers renseignements qui filtrent de l'enquête.

En quelques heures, l'état de choc a saisi le monde entier, et la parole se déverse. Martiale, pour certains. Arrogante. Radicale. Définitive. Mais aussi émue, fragile, balbutiante.

Comme il est difficile de qualifier l'horreur qui me saisit. Difficile de crier quand la sidération étrangle les mots. A la barbarie, il est impossible de répondre par la vengeance, par la haine. Ce serait trop lui faire d'honneur. Impossible de répondre par l'aveuglement, par l'invective, par l'amalgame. Comment parler, alors ?

Car il est impossible de se taire. D'encaisser en silence. Impossible de ne pas affirmer le sens du combat pour la liberté et la nécessité de défendre cette liberté contre tous les obscurantismes de toutes origines. Il est impossible de ne pas crier, plus que jamais, combien la liberté ne se décrète pas, combien elle doit être défendue chaque jour, et combien, dans notre période actuelle, troublée, elle est notre plus sûr rempart contre la destruction du tissu social.

Au fond d'une maison, dans une campagne reculée, loin des grands centres urbains, le rassurant sentiment de sécurité dispute au désir de faire corps avec le peuple en émoi des villes un duel déchirant. Vivre planqué, mais vivre encore, avec la certitude de passer à côté des lieux où l'histoire s'écrit, est-ce vraiment vivre ? Et comment témoigner du profond sentiment de solidarité que l'on ressent, comment témoigner du désir de partager son émotion ? Comment faire pour ne pas être seul alors que, soudain, par sa folie, la barbarie semble, en détruisant toute référence à l'humanité, nous retirer nos liens et nous couper des autres, de toute vie sociale ?

L'attentat qui a visé Charlie Hebdo aujourd'hui parviendra-t-il à faire taire notre désir de liberté ? Parviendra-t-il à exacerber au-delà du supportable les sentiments de déclassement déjà fortement enracinés dans une jeunesse en déshérance ? Parviendra-t-il à remettre en cause le désir de vivre en paix avec son voisin, son frère ? Les heures et les jours qui viennent seront décisifs. La France est un symbole, ses citoyens doivent être dignes et fiers pour défendre leurs valeurs républicaines qui ont nom Liberté, Égalité, Fraternité. Plus que jamais, la devise de la France doit rassembler ses enfants.

Christophe Montariol

JE SUIS CHARLIE

Rédigé par Christophe Montariol

Publié dans #Ecrits

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